
L’espoir est là... Pour la première, depuis 1982, la justice des États-Unis pourrait bien revenir sur une cabale politico-judiciaire majeure : la condamnation à mort de Mumia Abu- Jamal.
Mumia Abu-Jamal, ex-Black Panther devenu animateur de radio, enfermé depuis vingt-trois ans dans le couloir de la mort d’une prison de Pennsylvanie après une parodie de procès. Dans l’attente de son exécution, il écrit, s’exprime et donne, par sa résistance, l’image d’une voix noire rebelle et intacte, qui inspire le respect.
C’est une décision majeure. Le mois dernier, la cour d’appel fédérale des États-Unis (cour de 3e circuit de Philadelphie) a rendu un jugement décisif concernant Mumia Abu-Jamal. C’est la décision la plus importante depuis son arrestation il y a un quart de siècle. C’est, en effet, la première fois qu’un tribunal, qu’il soit d’État ou fédéral, rend un arrêt qui puisse conduire à un nouveau procès et donc à la libération de Mumia.
La cour a accepté de prendre en compte les arguments relevant de la loi fédérale sur l’habeas corpus et d’autres points qui avaient été présentés par les avocats de Mumia dans les recours successifs. Ce sont tous des arguments constitutionnels fondamentaux : le droit à un procès équitable, à l’application des droits constitutionnels garantis par les 5e, 6e et 14e amendements à la Constitution des États-Unis d’Amérique. En réponse à la demande de la cour, Robert Bryan, avocat principal en charge de la défense de Mumia Abu-Jamal vient de déposer un mémoire qui se résume en trois points :
- l’accusation n’a pas respecté les droits de l’accusé dans les conclusions présentées à la cour en affirmant que le condamné aurait droit à des procédures d’appel à répétition, ce qui a conduit les jurés à prononcer la sentence de mort sans tenir compte de « la présomption d’innocence et de doute raisonnable » ;
- il y a eu abus de droit à récuser un très grand nombre de jurés (particulièrement les Afro-Américains) auquel il faut ajouter les critères racistes qui ont entaché toutes les procédures juridiques depuis l’arrestation de Mumia en 1981, situation qui perdure encore aujourd’hui ;
- le juge Sabo, présidant le procès, a eu un comportement inqualifiable à l’exemple des propos qu’il a tenus lors d’une suspension de séance (selon une greffière courageuse qui les a rapportés) : « Je vais les aider à faire griller ce Nègre. »
Mumia doit quitter la prison en homme libre.
C’est sa vie qui se joue en ce moment.
Mumia Abu-Jamal s’adresse à ses soutiens :
Ona Move (en avant !)
Ceci est juste un petit mot à l’adresse de vous tous, ainsi que mes plus sincères remerciements. À vous qui, de tous les coins du globe et de tant de pays, par centaines, par milliers, par dizaines de milliers, êtes rassemblés pour protester, défiler...
Bravo et merci. C’est votre soutien généreux et militant qui me guide. Voilà pourquoi nous n’en resterons pas là. Le combat pour la vie et la liberté continue, envers et contre tout. Pendant que nous nous battons, toutes les injustices réapparaissent... Toutes les injustices persistent. Mais, avec votre aide, nous allons continuer à nous battre tous ensemble pour gagner.
Thank you !
Mumia Abu-Jamal depuis le couloir de la mort, SCI Greene, Waynesburg, Pennsylvanie, États-Unis
100 000 euros pour sauver Mumia
La peine de mort aux Etats Unis est aussi une affaire d’argent en lien direct avec la ségrégation sociale et raciale érigée en système.
Sans argent, il y a vraiment très peu d’espoir d’échapper à l’exécution lorsqu’on est condamné à mort aux États-Unis. Les froides statistiques du département d’État de la Justice américaine sont là pour le rappeler : le coût moyen de la défense de ceux qui ont sauvé leur peau équivaut à 3 millions d’euros. Lorsqu’on est accusé et pauvre, c’est la condamnation et la mort assurées. C’est l’épouvantable sort réservé à l’immense majorité des hommes et des femmes qui peuplent les couloirs de la mort.
La défense de Mumia Abu-Jamal a déjà coûté plus de 1 million d’euros et les procédures en cours nécessitent un engagement financier de l’ordre de 10 000 euros par mois. C’est dire l’enjeu de la souscription qui est lancée par le collectif unitaire national de soutien à Mumia Abu Jamal qui regroupe plus de 80 organisations avec l’objectif de recueillir 100 000 euros.
Souscription nationale pour Mumia Abu-Jamal
Par chèque à l’ordre de MRAP Solidarité Mumia
Collectif unitaire national de soutien à Mumia Abu Jamal
43, Bd Magenta
75010 Paris