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Le bilan de la lutte

Même si cela paraît une évidence le premier aspect de la victoire des chômeurs en 2004, réside dans la volonté que chacun a eu de mener cette bataille, « la bataille des recalculés ». Ainsi avant de définir le comment, l’APEIS a décidé d’agir alors même que plusieurs paramètres pouvaient faire penser que cela n’était pas gagné d’avance :
1. à l’époque de la prise de décision un sondage faisait état que 65% des français étaient favorable à la baisse de l’indemnisation des chômeurs.
2. de grandes mobilisations autour des retraites avaient trouvé une issue négative
3. la France était et est toujours gouvernée par la droite la plus dure depuis la guerre
4. nos difficultés à mobiliser étaient constante depuis de nombreux mois voir plusieurs années.

Mais fidèle à notre engagement, nous avons foncé

« Il n’y a que les batailles que l’on ne mène pas qui sont perdues d’avance ».
« Quand on se bat, on n’est jamais sûr de gagner, mais quand on ne se bat pas, on est sûr de perdre »

Ces deux phrases ont sonné comme des leitmotiv, dans la bouche des adhérents et militants de l’APEIS pour la plupart aux minima sociaux.
Ces deux phrases, pour se donner du courage, sortir de la résignation, de la fatalité, et du sentiment d’impuissance. Le premier mot prononcé par les chômeurs dont beaucoup venaient de nous rejoindre dans l’action était le mot « dignité ». Cette dignité si souvent bafouée, pour une fois et ce depuis de nombreux mois était prise en compte.
Nombreux ont témoigné de leur impuissance seul face au système conscient de vivre une injustice mais ne sachant pas comment y répondre.
La stratégie que nous avons adoptée a tenue compte du réel pour essayer de le transformer. Nous avons répondu à la demande des chômeurs qui voulaient qu’on leur rende justice. Nous avons décidé de nous servir du juridique comme d’un outil, nous permettant à la fois de mobiliser sur ces questions, d’alerter l’opinion publique sur les causes de la précarisation généralisées de notre société, ainsi que des possibilités de faire autrement.

Le Medef et les syndicats signataires, s’apprêtaient à faire basculer dans les minima sociaux ou dans le néant près d’un million de personnes toutes classes sociales confondues pour une économie de quinze milliards de francs, sans que cela n’émeuve personne.

Alors que nous avions perdu la bataille du PARE qui vise à contractualiser tous les rapports sociaux en cassant tout esprit de solidarité, il s’agissait pour nous de démontrer que le MEDEF, imposant le contrat était le premier à le rompre. Poursuivant ainsi leurs objectifs vers une société ou l’homme avec un grand H n’a pas sa place mais ou il ne serait qu’un outil à la botte de la loi de marché.

Partant du « je » pour aller vers le « nous », nous avons permis à chacun de se réapproprier le groupe en respectant notre premier slogan « avec l’APEIS plus jamais seul ».

Notre combat a permis à tous, à la fois une implication individuelle (le demandeur d’emploi a lui même dénoncé la rupture de contrat) dans une dimension collective et solidaire (défense collective des dossiers individuels et travail des avocats des différentes juridictions en coordination).

L’ampleur de l’attaque de l’UNEDIC, les réponses collectives que nous avons essayé d’y apporter, nous ont donné l’occasion de faire se rencontrer l’autre, le différent, celui qu’on ne savait pas celui que l’on soupçonnait plus tôt, par peur et par ignorance. Parce que chacun a pu trouver sa place le Rmiste a côtoyé l’ex-cadre supérieur, il a pu rencontrer l’ex-ouvrier, l’enseignant a pu discuté avec le manutentionnaire…
Ensemble, ils ont fait changer la culpabilité de camp, ensemble ils se sont sentis pour la première fois, peut être, du même camp.

Alors que la possibilité de gérer autrement le système d’indemnisation du chômage, que la prise de conscience de l’impact de cette gestion sur le monde du travail atteignaient l’opinion publique Mr le ministre Borloo a ordonné la réintégration de tous les chômeurs recalculés dans leurs droits, afin d’étouffer le foyer de mobilisation qui commençait s’étendre au monde salarial.
Mais voilà en réintégrant tous les chômeurs dans leur droits initiaux, il laisse les problématiques liés à l’indemnisation du chômage en suspend.

Cette victoire est une vraie victoire politique, pour preuve, c’est le premier ministre qui ordonne la réintégration. Ce ne sont pas les procès dont les résultats sont contradictoires d’une juridiction à l’autre. Les sondages, en mars 2004, en pleine bataille, n’estiment-ils pas que 67% des français éprouvent de la sympathie et de la solidarité pour le mouvement des chômeurs ?
Nous avons bien conscience de n’avoir gagné, là, qu’une bataille, et que la question primordiale d’une indemnisation décente pour tous les chômeurs reste bel et bien posée.

Mais quel encouragement pour tous ceux qui luttent aujourd’hui, qui refusent d’abdiquer, il nous apparaît dommageable que les partis politiques et syndicats qui ont soutenus cette lutte, sous estime cette victoire et ne sans servent pas alors que cela fait de nombreuses années que le monde du travail n’avait pas obtenue autant pour autant de personnes.
Cette victoire n’a-t-elle pas contribué à une autre grande victoire contre la fatalité d’un libéralisme destructeur : le NON à la constitution européenne. Pour nous il n’y a pas de hasard il n’y a que des rencontres, des volontés, des mises en commun.
Quand on se regroupe que l’on arrivent à travailler en bonne intelligence, avec nos différences on s’enrichie, on rend la lutte plus forte et l’on peut gagner.

Patrick Gimond et Murielle Martin


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