
Ne nous trompons pas, les nouvelles circulaires gouvernementales, sensées contrôler et radier davantage les chômeurs (ses) visent en fait à précariser et flexibiliser l’ensemble des salariés.
Pourquoi une telle politique ?
Le système d’indemnisation du chômage, en tant que tels, génère précarité, paupérisation et exclusion. Sa logique actuelle empêche le retour au plein emploi, correctement rémunéré, que nous appelons tous de nos vœux.
Le patronat, juge et partie à l’UNEDIC, se sert de cette instance comme d’un outil pour peser sur les conditions de travail et les salaires afin d’accroître ses profits. La conjugaison « plus de richesses accumulées » pour les uns, « moins de salaire versé » pour les autres - dans un contexte où l’ensemble de la protection sociale repose sur des cotisations basées sur la masse salariale (ensemble des salaires versés dans une entreprise) - creuse les déficits de l’ensemble du système dont le MEDEF et certains « partenaires sociaux » se servent pour justifier de nouvelles réductions de droit à indemnisation.
Ainsi, en 25 ans, nous avons créé 70% de richesses en plus avec une masse salariale qui a baissé de 10%.
La boucle est bouclée
A un bout de la chaîne, le patronat licencie et précarise.
Au milieu, le MEDF crée les conditions d’une indemnisation du chômage dégradée qui exclue de plus en plus de chômeurs(ses) : aujourd’hui seulement 4 sur 10 indemnisés par les ASSEDIC.
A l’autre bout de la chaîne, le gouvernement, le Parlement légifèrent afin de mettre en place le RMA, le Contrat nouvelle embauche avec une période d’essai de 24 mois, le recours illimité à l’intérim, des milliards d’allègements de cotisations sociales qui, à leur tour, creusent les déficits.
Pour ce faire, ils ont besoin de maintenir et d’amplifier le système coercitif qui sanctionne, culpabilise les chômeurs et les désigne comme boucs émissaires dans notre société de gagneurs. Ces dernières années, combien de salariés ont revu leurs prétentions salariales à la baisse, sont moins regardants sur leurs conditions de travail parce qu’il règne sur eux le spectre du chômage ?
C’est là que les campagnes savamment orchestrées sur les faux chômeurs, récalcitrants, qui ne feraient pas tout pour retrouver du travail prennent tout leur sens, l’opinion publique y étant d’autant plus sensible qu’elle souffre de plus en plus au travail. Et puis, c’est bien connu, on en connaît tous un… qui…
En vérité, ils nous contrôlent, ils nous sanctionnent pour mieux nous, vous précariser !
En faisant de nous des gens sans cesse « présumés coupables », ils veulent empêcher toute velléité de résistance, de construction unitaire de contre pouvoir et d’alternative à leur logique.
La politique que le gouvernement De Villepin met en place, c’est celle que nous avons rejetée massivement de façon démocratique le 29 mai 2005 lors du référendum sur la Constitution européenne. C’est de celle-là que nous ne voulons plus.
Leur mépris et leur morgue n’ont de cesse, nous ne leur ferons ravaler que par la mobilisation du plus grand nombre.
Nous proposons, pour inverser cette logique destructrice :
- de revoir l’assiette de cotisations (plus-value des entreprises, taxation des flux boursiers…)
- d’agir pour une indemnisation décente de toutes les formes de chômage dans un système unifié
- de taxer lourdement les entreprises qui licencient et précarisent à des fins de plus de profits
- de mettre en œuvre une politique cohérente de retour à un emploi stable correctement rémunéré
- la tenue d’assises nationales contre le chômage et la précarité
- la participation des chômeurs et leurs associations partout où se décide leur sort.
Patrick Gimond