
Edito : RÉSISTANCE
L’Apeis et Malika interdits de solidarité
Mardi 23 novembre,14 h 00. La juge appelle Malika à la barre. La petite salle du tribunal de Créteil est bondée. Il y a là des journalistes, des amis, des policiers -plus qu’à l’habitude - et des militants, beaucoup de militants venus soutenir Malika. « De manière raisonnable, j’ai réfléchi. Ce que nous avons fait est légitime », indique Malika au juge.
L’Apeis, par sa voie, n’a donc pas décidé de s’acquitter des « dédommagements » demandés par le tribunal au mois d’octobre. Les « 3F », principale société HLM en France, avait en effet exigé 5 246,10 F de « dommages et intérêts » après que des militants de l’Apeis aient relogé, dans son logement, une famille expulsée pour dettes de loyers. Depuis, la famille a obtenu la certitude d’être relogée dans un logement d’insertion...
Décision difficile à rendre pour la justice. Sans l’action de l’Apeis, cette famille en difficulté serait aujourd’hui à la rue. Mais il y a eu « dégradations ». La justice semble vouloir ne retenir que cela.
« Mme Zédiri persiste et signe. Quels que soient les objectifs, ce n’est pas par des infractions qu’on peut agir. », déclare le procureur. Dans la salle, des murmures sont perceptibles. « Ce type de comportement aggrave la vie en collectivité. Le respect de la paix sociale ne peut supporter de tels faits ». Murmures... Puis vient la défense. « Quelles que soient les situations, ou même les erreurs, on n’a pas le droit de laisser quelqu’un à la rue. _ Sinon, c’est une grave transgression de la loi. Condamner Mme Zédiri, c’est condamner l’action menée dans notre pays par le secteur associatif pour défendre celles et ceux qui en ont besoin. »
18 h 00. Le jugement tombe. Un mois de prison avec sursis et 3 000 F d’amende. Difficile à avaler, difficile de se reconnaître dans la justice « rendue au nom du peuple français ».
Dans les couloirs du tribunal, c’est la colère et l’écœurement. « Nous allons faire appel de cette décision de justice inacceptable », indique Philippe Villechalane, président de l’Apeis.
Alors quelles conséquences pour Malika ? Et pour l’Apeis ? Dans un premier temps, l’appel sera suspensif. Par contre, cinq ans sans avoir à s’opposer à l’injustice c’est, dans le genre de combat que mène l’Apeis sur l’urgence et contre la misère, une façon de tenter de freiner l’action militante pour faire évoluer les droits des chômeurs et des précaires. 7 à 8 millions de personnes...
Malika aime à le rappeler : « Il faut savoir reconnaître que quelquefois, la faim justifie les moyens. »
Christophe Menuel
Sommaire
Edito : RESISTANCE.
L’APEIS et Malika interdits de solidarité.
Page 2 :
Les chômeurs aussi veulent réveillonner. Nous ne voulons plus arrêter de vivre le 15 du mois.
Cri d’alarme. 8 millions de personnes sous le seuil de pauvreté.
Page 3 :
PAROLE DE CHOMEURS. Vivre dignement. Gérard, Josette et Mirlande sont de l’APEIS de Bobigny (93). En attendant de retrouver un emploi, ils réclament une meilleure indemnisation du chômage, revendiquent le droit de vivre décemment.
Page 4 et 5 :
UNEDIC ET ASSEDIC.
Des zones de non-droits.
L’assurance, pas l’assistance.
Page 6 :
Joyeux bordel !
La précarité sociales, ça fait vraiment mal.
Page 7 :
Page image.
Page 8 :
La tribune libre : ACT UP. Sida : la précarité tue.
La vie des comités locaux.