
Edito : JUSTICE
Le moins que l’on puisse dire c’est que l’été a permis à Jacques Chirac et à Jean-Louis Borloo de se lâcher. Leurs déclarations successives contre les chômeurs n’ont qu’un seul et unique objectif : servir les intérêts du Medef en faisant baisser le coût du travail et, pour y parvenir, faire voler en éclats toutes les protections sociales.
Ils ne manquent pas d’air comme on dit, ces beaux messieurs, ils permettent qu’on licencie dans le même temps où les profits explosent, ils laissent la loi du marché être la seule référence, ils saccagent les emplois jeunes, ils mettent en place le RMA, ils veulent mettre à mort la sécurité sociale, ils veulent faire reculer l’âge de la retraite et ils ne veulent plus indemniser les chômeurs.
Ils sont cohérents : leur loi de « cohésion sociale » favorise les responsables du Medef et culpabilise les victimes que sont les chômeurs, ils mettent en place un système d’encadrement et de contrôle afin d’obliger ceux-ci à accepter n’importe quel emploi à n’importe quel prix.
Chirac et Borloo feraient mieux d’encadrer le patronat et les actionnaires qui licencient à tour de bras. Ils feraient mieux de contrôler les aides publiques dispensées aux entreprises avec les résultats que l’on sait en terme d’emploi.
Dans le même temps où les chômeurs sont montrés du doigt et que de plus en plus de salariés ne peuvent plus vivre décemment des fruits de leur travail, tout va bien pour certains, toujours les mêmes. Ainsi les 40 entreprises qui composent le CAC 40 ont réalisées en 2003 41 568 millions d’euros de bénéfices nets.
Et cela continue, les six premiers mois de 2004 voient AXA réaliser 621 % d’augmentation de ses profits et Total faire plus de quatre milliards d’euros de bénéfices ; il faut bien prendre l’argent quelque part et les poches des chômeurs et des salariés sont là pour ça doivent-ils se dire.
Chirac et Borloo se vengent de la grande victoire des chômeurs « recalculés » en servant les intérêts de leur ami Antoine Séilliere.
856 700 chômeurs ont été réintégrés dans leurs droits, mais la bataille du respect, du droit et de la dignité n’est pas terminée, loin s’en faut, les chômeurs et leurs associations vont continuer la lutte.
La meilleure façon de résister efficacement à la baisse des salaires et à la précarité généralisée est d’indemniser correctement (au niveau du Smic) toutes les formes de chômage.
Jean-Louis Borloo est en réalité Ministre de l’emploi précaire, de l’incompréhension sociale et de la cohésion patronale et Chirac garant de la fracture sociale. Ils ne savent rien du chômage, mise à part des pourcentages, des courbes, des statistiques et bien évidemment des sondages.
Et encore moins des chômeurs, de leurs angoisses, de leurs urgences, de leurs souffrances et de leurs survies. Mais ils s’en moquent, ils ont choisi leur camp.
Ca tombe bien, nous aussi. Et ils vont au moins apprendre à connaître nos combats et nos résistances !
Philippe Villechalane