
• Parce que nous sommes persuadés que la question des droits et de l’égalité est au coeur de la cohésion de la société,
• parce que nous savons que ne rien faire aujourd’hui c’est se condamner soi-même demain,
• parce que nos vies ne sont trop souvent que des survies, parce que nous ne supportons plus de vivre à minima,
• parce que nous ne sommes pas en trop mais seulement en plus dans un système donné,
• parce que nous croyons fermement que tout est possible,
• parce que nous sommes en état de légitime résistance, nous avons décidé d’être autonomes et indépendants pour encore mieux être unitaire.
Depuis 15 ans, l’Apeis se bat pour faire valoir les droits des chômeurs et en conquérir de nouveaux. Nous savons que la question du chômage est centrale car d’une part elle sert de mesure d’ajustement aux entreprises, aux patrons, au capitalisme, et d’autre part, les conditions d’indemnisation des chômeurs pèsent sur les salaires, les retraites, les conditions de travail et les protections sociales.
Le chômage a fait des dégâts que nous ne sommes même pas en capacité de mesurer ; ce chômage massif, stigmatisant et de misère a produit des effets, des comportements, des pathologies et personne n’est épargné.
La société dans son ensemble respire avec ce filtre permanent.
Tout est possible
Chacune et chacun, y compris contre sa volonté, est traversé par cette peur, par l’image que cela renvoie de sa situation et de la place des autres, dans sa famille, chez ses amis, avec ses voisins, dans nos immeubles, nos quartiers, nos entreprises, nos rues, nos écoles, nos facs, nos transports en commun et même dans les manifestations. Or il n’y a pas de fatalité, pas d’obligation, pas de loi naturelle pour que la pauvreté se reproduise et se développe.
Le capitalisme, pour perdurer, a un besoin vital de créer de faux besoins, de délocaliser, de fusionner, de licencier, d’avaler, de digérer et de recracher de plus en plus de pauvres, qu’ils soient travailleurs surexploités ou chômeurs contrôlés, soupçonnés, radiés, condamnés à l’assistanat et à l’errance.
Pourtant rien n’est inéluctable, tout est réellement possible, la seule condition est de le vouloir, de ne pas reconnaître le principe de "réalisme économique" qui guide toutes leurs décisions. La concurrence ne nous regarde pas, la mondialisation est une excellente chose si elle porte la solidarité, le respect et l’égalité et non la misère, le mépris et le profit.
L’urgence absolue
Depuis quinze ans, combien de milliers d’emplois permis par nos actions et interventions ? De stages et de formations obtenues ? De radiations évitées ? De fonds sociaux et d’aides d’urgences arrachés ? De droits à l’indemnisation acquis ? De trop perçus des Assedic réglés ? De P.V de transports en commun annulés ou négociés ? De saisies empêchées ? De coupures EDF ou télécoms prévenues ? De familles relogées ou d’expulsions stoppées nettes ? De papiers et de titres de séjours gagnés ?
Depuis quinze ans, comment mesurer l’écoute, la partage, la confiance retrouvée, le glissement évité, la solidarité, la force du collectif, la restructuration, le rire, la resocialisation, l’échange, l’amitié, l’amour ?
C’est tellement insuffisant, tellement loin des besoins, tellement frustrant et pourtant comme c’est essentiel, vital, pour ces milliers de femmes, d’hommes, de familles, pour nous tous, pour la société.
Si l’urgence absolue n’est pas de se préoccuper des plus pauvres, des plus précaires et des plus fragiles, il n’y a aucune raison de croire que cela peut aller mieux dans l’avenir.
Bien sûr, la question de la pauvreté n’est pas exclusive, tous les combats sont valides, toutes les résistances utiles, toutes les luttes justifiées quand cela va dans le sens de la justice.
Mais ne pas s’apercevoir et ne pas comprendre que si l’on ne s’occupe pas de la vie des individus au quotidien, de celles et ceux qui souffrent le plus, qui sont souvent sans place ni rôle, qui n’ont ni avenir ni perspectives, cela s’apparente à "demain on rase gratis" avec ce que cela engendre comme fatalisme, comme repli sur soi, comme individualisme. C’est le collectif qui est source de tous les possibles, pas en niant les individualités mais en les rendant plus efficaces, plus intelligentes, plus solidaires, plus cohérentes, plus collectives !
Le gouvernement de droite et le Medef déclarent ouvertement la guerre aux pauvres, aux jeunes qui osent se réunir dans les cages d’escaliers, aux roms, aux sans papiers, aux prostitués, à nos enfants qui iront en prison s’ils ne sont pas dans "leur" bon chemin, ils supprimeront nos allocations familiales si nos enfants sont malpolis et on nous mettra au travail obligatoire avec le RMA.
Agir ensemble
Il ne faut pas croire que cela ne concerne que les autres, la droite s’attaque aux "sous-sols", aux plus pauvres, mais ensuite les autres étages y auront également droit. Les seuls qui sont protégés sont ceux qui profitent des terrasses ensoleillées et qui doivent ces vies de luxe à celles et ceux qui crèvent.
Personne ne fera à notre place ce dont nous avons besoin, personne ne sait ce que représente de se retrouver nié dans son identité même, sauf celles et ceux qui l’ont vécues ou qui le vivent, mais c’est ensemble que nous créerons les alternatives indispensables à la barbarie du capitalisme.
Un toit et des murs pour les chômeurs et les précaires !
Le collectif est la seule réponse à la violence institutionnelle. Ensemble on est toujours plus intelligent, donc plus fort !
Nous désirons mettre en réseau les savoirs, les expériences, les acquis, les compétences de chacun pour qu’ils servent à tous et qu’ensemble nous puissions, dans l’action quotidienne, commencer à construire la société de demain. Nous pensons qu’il est temps, plus que temps même, de faire naître des contre pouvoirs, des endroits alternatifs qui soient force de propositions ; temps de prouver qu’il y a d’autres possibles ; temps d’en inventer.
Nous voulons disposer d’un lieu à la fois de ressources et service, qui regroupe des associations, organisant des permanences juridiques, sanitaires et sociales, médicales, dentaires, psychologiques, psychiatriques, grâce à l’intervention de professionnels militants.
Nous nous investirons sur les droits mais aussi sur l’éducation populaire en animant des ateliers autour de la photographie, du théâtre, de la musique, d’internet, de la lecture et de l’écriture ; en organisant des concerts et des expositions. Nous nous engagerons sur les questions de formation qualifiante, sur les métiers de la restauration. Nous travaillons actuellement sur un projet de restaurant "L’auberge de la butte rouge" ainsi que sur un bar associatif. Nous créerons un espace où le commerce équitable et l’économie sociale trouvent leur place et qui offrira des espaces de vente et de services hors des schémas du commerce traditionnel et de la loi du marché. Nous débattrons, dans le cadre d’une université populaire, de tous les thèmes imaginables, sur le monde tel qu’il est mais surtout tel qu’il devrait et pourrait être.
Nous organiserons des stages de bricolage, de remise en état et en circulation de matériel électroménager ou informatique. Nous mettrons en place un atelier d’alphabétisation et des cours de soutien scolaire. Un écrivain public sera disponible pour régler les problèmes administratifs.
Notre volonté est de créer des alternatives viables et efficaces face à la seule logique du capitalisme, de prouver qu’il y a d’autres possibles et qu’il n’y a pas de fatalité. Notre but est de permettre à des hommes, des femmes, des enfants, des familles de (re)trouver des repères, de la confiance, des moments de respiration et de petites joies, de l’espoir, et de recréer du collectif. L’Apeis, initiatrice de ce projet, a dorénavant une réelle expérience de l’accueil et de l’accompagnement, notamment des plus fragiles, des plus précaires et des plus pauvres, ceux qui ne s’adressent plus à ce qu’ils identifient comme des institutions.
Nous proposons, dans le cadre de ce projet, de mettre notre expérience en commun avec toutes celles et ceux qui veulent construire un autre monde, qui commence toujours par les " petits combats " du quotidien (sur son lieu de travail, dans son quartier, dans les transports en commun). C’est ensemble que nous réussirons à bâtir ce lieu de résistance sociale et culturelle ; ensemble que nous ferons vivre ce centre de luttes, de formations, de droits, de citoyenneté, de convivialité.
Participez !
Notre "Fabrique à collectif" a besoin de toutes les compétences, de tous les savoir-faire, de toutes les expériences, de toutes les volontés.
Ce sera sûrement dur et difficile, mais la facilité nous condamne durablement. Il faut s’engager, se battre, revendiquer, résister, rêver, ne pas accepter l’inacceptable. Avec la "Fabrique à collectif" nous nous engageons ensemble à faire pour ne pas laisser faire !
Toutes les formes d’aides sont importantes
• Participer à la réflexion sur le projet
• Participer à la construction du projet
• Verser à la souscription
• S’engager sur un prélèvement mensuel automatique
• Devenir collecteur
soi-même auprès de ses amis et connaissances
• Venir donner avec ses bras et sa tête, son savoir faire, ses compétences
• Donner beaucoup et être ainsi membre bienfaiteur (ce qui en fait ne vous rapporte rien de plus sinon le bienfait, ce qui n’est pas rien)
Nous vous invitons à envoyer vos chèques de soutien à l’ordre de l’Apeis avec la mention "Pour la fabrique" ou "Pour la maison", ce qui est tout aussi convivial.
Pour avoir des renseignements :
• nous envoyer un e-mail
• ou bien nous écrire là : Association Apeis
8, rue de Verdun, 94800 Villejuif